En 1959, Nikon bouleverse le monde de la photographie avec un appareil qui n’est pas seulement une innovation : c’est une révolution. Le Nikon F marque le passage définitif de la photographie professionnelle au format reflex 35 mm. Conçu pour durer, pensé pour les conditions extrêmes, il devient en quelques années le compagnon privilégié des plus grands photojournalistes.
Cet article retrace son histoire, ses technologies clés, et l’héritage durable qui fait encore du Nikon F un boîtier mythique.
Japon d’après-guerre et l’ascension de Nippon Kogaku
les années 1950, Nikon (alors Nippon Kogaku K.K.) est déjà reconnu pour ses optiques Nikkor et ses appareils télémétriques Nikon S, utilisés par les photojournalistes américains pendant la guerre de Corée.
Les reflex allemands dominent encore, mais aucun n’offre la fiabilité recherchée par les professionnels. Nikon entreprend alors un projet très ambitieux : créer le premier reflex professionnel réellement exploitable, robuste, modulaire et précis.
Nikon F : 1959
Après plusieurs années de développement, Nikon présente le Nikon F.
Dès sa sortie, il impressionne par sa construction solide, entièrement métallique, et par sa modularité inédite :
Cette monture, lancée avec le Nikon F, est si bien conçue qu’elle est toujours utilisée aujourd’hui, plus de 60 ans plus tard.
Le Nikon F devient immédiatement une référence. Les objectifs Nikkor sont déjà reconnus comme parmi les meilleurs du monde, et l’appareil offre une prise en main moderne, stable, et une fiabilité qui surpassent tous ses concurrents.
Le Nikon F repose sur un mécanisme 100 % mécanique :
Bien qu’au début le Nikon F n’intègre pas de cellule interne, il évolue rapidement grâce aux viseurs Photomic, qui introduisent la mesure de lumière.
Les grandes étapes :
Le Photomic FTn, en particulier, transforme le Nikon F en un appareil moderne, capable de mesurer la lumière à travers l’objectif avec une précision exceptionnelle pour l’époque.
Le Nikon F a été le compagnon de nombreux reporters lors de la guerre du Vietnam, des reportages pour Life, Time, National Geographic, des photojournalistes de l’agence Magnum, etc.
Sa capacité à fonctionner malgré la poussière, la pluie, l’humidité tropicale ou les chocs lui vaut une réputation d’appareil indestructible.
Nikon F2 (1971–1980)
Évolution mécanique et professionnelle.
Vitesse améliorée (1/2000 s).
Toujours entièrement modulaire : viseurs interchangeables, écrans de mise au point, dos optionnel.
Compatible avec une large gamme de Nikkor F-mount.
La version Photomic apportait le TTL (mesure d’exposition à travers l’objectif).
Premier Nikon électronique professionnel, mais toujours mécanique pour la sécurité (obturateur fonctionne sans pile en mode Bulb).
Introduit un obturateur en titane et une meilleure ergonomie.
Viseurs interchangeables et compatibilité avec les objectifs F-mount.
Longévité exceptionnelle : produit pendant plus de 20 ans.
Nikon F4 (1988–1996)
Le passage à l’automatisation complète.
Autofocus professionnel, intégration d’un moteur pour avance automatique.
Multi-mode de mesure d’exposition, plus compact que le F3.
Nikon F5 (1996–2004)
Vitesse et robustesse maximales : jusqu’à 8 fps avec moteur intégré.
Autofocus ultra-rapide pour les pros de sport et faune.
Système avancé de mesure matricielle et modes de bracketing.
Dernier reflex argentique professionnel de Nikon.
Combine les meilleurs éléments des F5 et F4 avec une construction encore plus robuste.
Mesure matricielle et TTL améliorés, avance automatique silencieuse, ergonomie modernisée.